John Brunner : A l’ouest du temps


Paul gagna son bureau en poussant un soupir de soulagement. Il alla se poster à la fenêtre au lieu d’attaquer tout de suite la liasse de paperasses qui l’attendait comme chaque matin. Il alluma une cigarette tout en contemplant les équipes de travail thérapeutique qui étaient sur le point de se disperser vers leurs occupations respectives.
੦ Une chose de bien, à Chent. On ne laisse pas les pauvres diables se morfondre sur leur derrière toute la journée dans les salles communes. Je me demande qui a innové en cette matière. Impossible que ce soit Holinshed. Son prédécesseur ? Celui d’avant ?
La journée n’était pas particulièrement belle, mais au moins elle était un peu moins humide que la veille. Il bâilla tout en observant l’équipe de jardinage qui attendait sa distribution d’outils de sécurité — dans la mesure où il pouvait exister un instrument de jardinage inoffensif. En fait, on ne donnait jamais rien de plus dangereux qu’une brouette ou un balai de bruyère aux malades qui n’étaient pas relativement stabilisés.

John Brunner, extrait de À l’ouest du temps [1967], traduit par Guy Abadia,
Robert Laffont, « Ailleurs et demain », 1978, p. 62.

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