Le bistrot-cross
Créé à Montparnasse dans les années 50, le bistrot-cross est malheureusement tombé en désuétude. Il exige, en effet, pour être pratiqué avec art, la surface d’au moins tout un arrondissement de Paris, et la complicité de la totalité des bistrots qui y ont licence, ou quasiment, ce qui n’est pas peu dire ! Jacques Lagrange et les peintres du groupe de l’Echelle furent les principaux organisateurs de cette festivité sportive, à une époque bénie où les limonadiers n’hésitaient pas à mettre en perce un tonneau de pinard gratuit devant la statue de Balzac, au carrefour Vavin.
Le règlement du bistrot-cross exigeait que le parcours soit effectué « en compagnie » d’un véhicule quelconque (brouette, draisienne ou moyen de locomotion inventé pour la circonstance) ; les concurrents devaient obligatoirement être costumés de la façon la plus extravagante possible.
Chaque contrôle sur le parcours (et il y en avait !) était représenté par un bistrot qui avait établi sur le trottoir une table couverte d’autant de verres pleins qu’il y avait de concurrents vides. Il s’agissait essentiellement de faire le circuit complet, de se faire pointer aux contrôles et de s’y ravitailler… Naturellement, la dose minimum des pinards divers offerts à la soif des coureurs, pouvait être dépassée… Elle le fut.