J. Barine : La Vie aventureuse d’Arthur Rimbaud


― Ça n’est pourtant pas bien difficile d’ouvrir la petite porte du caveau. Elle ne fait que 50 cm² et vous êtes un homme solide.
J’entendis alors un grincement suivi d’un choc sourd et puis, plus clairement :
― Ioric ! aide-moi à lui tenir les pieds ! Vous autres, empoignez-la aux épaules. Attention à votre tête, Madame !
Cette voix caverneuse que j’entends si près de moi, je la reconnais, c’est la même, déformée par les échos.
― Ça y est ! J’y suis, ma main droite sur le cercueil de mon pauvre Arthur.
Quoi ! Mon pauvre Arthur ! C’est vrai que je n’ai plus mon or. Ils m’ont enlevé ma ceinture.
― Maintenant la main gauche… C’est là que reposent ma chère Vitalie et mon bon père.
― Oui, Madame, faites la brouette !
― Droite… gauche… droite….
― Madame, n’avancez pas plus ! Nous ne pourrions plus vous retenir.
― Bon, j’ai vu. Ramenez-moi maintenant !
Et je l’entends qui réclame qu’on accroche un crucifix sur la paroi avec un bouquet de buis bénit !
― Surtout n’oubliez pas ! Je tiens à ce que mon dernier local soit tout à fait prêt.
― Cré nom ! Je vais l’avoir avec moi jusqu’au Jugement Dernier. En attendant, tu parles d’un purgatoire.
J. Barine, La Vie aventureuse d’Arthur Rimbaud, poète et épicier (painted plates),
Cymbalum Pataphysicum, 2013, p. 8.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *