Louis Petit de Bachaumont : Mémoires secrets

L’examen de certains textes amène à penser que l’affaire des latrines publiques a commencé de passionner l’opinion éclairée dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. M. de Sartine, lieutenant général de police sous Louis XV, fera mettre des « barils d’aisances » dans certains coins de rues. Dans ses Mémoires secrets, à la date du 6 septembre 1769, Bachaumont, à propos d’une compagnie venant de se former pour louer des parasols destinés à préserver du soleil les natures délicates qui traversent le Pont-Neuf, rappelle un projet beaucoup plus utile dont quelqu’un fournit le plan à M. de Laverdy, lorsqu’il était encore contrôleur général des Finances : « C’était celui d’établir des brouettes à demeure à différents coins des rues, où il y aurait des lunettes, qui se trouveraient prêtes à recevoir ceux que des besoins urgents presseraient tout à coup… Les entrepreneurs promettaient de rendre une somme au trésor royal, ce qui tournait l’affaire en un impôt digne d’être assimilé à celui que Vespasien avait mis sur les urines des Romains. Tant d’industrie prouve à quel point l’argent est devenu un besoin indispensable, et comment on se tourmente en tous sens pour en acquérir ».

Roger-Henri Guerrand, extrait de Les Lieux : Histoire des commodités,
Éditions La Découverte, 1985, p. 62.

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