Raymond Queneau : Petite Cosmogonie portative

les arbres de lumière ont fleuri sous la croûte
et la crevant croissant natif ou phlogipète
le métal assez lourd se révèle serpette
remplaceur de la pierre et matière à trompette
soutien du poignard du kriss et du casse-tête
soutien du couteau du soc et de l’herminette
le levier trismégiste a pour progéniture
le cabestan le treuil et la roue à godets
la bêche la charrue et la presse à presser
la brouette surtout circonspecte voiture
pascale invitation à vider les ordures
le loquet le verrou la serrure et la clé
closent l’habitation nature vasculaire
[…]
L’eau bout dans la marmite et dans la chambre obscure
le gel ne reçoit pas le sel de la nature
deux boules font l’anneau et sous la double lame
vire-voltent les ozoïdes monogames
Via tel autre spermat d’origine auvergnate
peut naître l’omnibus la brouette subite
et rustre encore la machine arithmétique

Raymond Queneau, Petite Cosmogonie portative [1950],
in Chêne et Chien suivi de Petite Cosmogonie portative,
Gallimard, « Poésie », 1989, Sixième chant, vers 95 à 107, pp. 165-166 et vers 157-163 p. 168.

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