Philip K. Dick : Glissement de temps sur Mars

Lire le New York Times lui donna l’impression, pendant un petit moment, d’être de nouveau chez lui, à Pasadena Sud ; sa famille était abonnée à l’édition de la Côte Ouest du Times, et il se souvenait que lorsqu’il était enfant il allait le chercher à la boîte aux lettres, dans la rue bordée d’abricotiers ; la petite rue chaude et embrumée, avec ses élégantes maisons basses, ses voitures en stationnement et ses pelouses régulièrement tondues chaque week-end, sans exception. C’était la pelouse, et tout son attirail d’entretien qui lui manquait le plus ― la brouette d’engrais, les nouvelles graines pour gazon, les sécateurs, le grillage de protection contre les oiseaux, que l’on installait au début du printemps… et les tourniquets qui ne cessaient de fonctionner tout l’été durant, lorsque la loi le permettait. Il y avait également pénurie d’eau là-bas. Une fois, son oncle Paul s’était fait arrêter pour avoir lavé sa voiture un jour de rationnement.

Philip K. Dick, Glissement de temps sur Mars [1964],
traduit de l’anglais par Henry-Luc Planchat,
Presses Pocket, coll. « Science-Fiction », 1991, p. 27.

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