Franz Hellens : Mémoires d’Elseneur

Augustin venait d’entrer. Lui aussi avait gardé son costume noir et sa chemise blanche. Avec ses mains terreuses, cela faisait un double deuil. Je lui tendis la main, il me montra ses paumes :
— Attendez, monsieur, je vais les laver.
— Monsieur Théophile nous quitte, lui dit Cordélia.
— Vous partez ?
— Nous aussi, Gustin, tu l’oublies. Vous n’allez tout de même pas partir comme ça, ajouta-t-elle en s’adressant à moi. Avez-vous fait vos bagages ? Gustin les transportera sur sa brouette à la gare.
— La brouette n’est pas nécessaire, je n’ai pas de bagage, rien que cette petite valise.
Elle parut stupéfaite.
— Cela t’étonne, dis-je mais le passereau n’en emporte pas autant, et il va plus loin.

Franz Hellens, Mémoires d’Elseneur,
Albin Michel, 1954, p. 362.

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