Francis Picabia : Poésie ron-ron

il faut plaire aux gens
mais combien sont-ils
voilà quarante ans qu’ils m’empoisonnent
avec leurs yeux tous les jours la même chose
j’ai l’estomac frissonnant
bizarre et vermoulu
je suis la grande chaleur de midi
dans une nacelle qui plane
sur un plan de géographie brouette
le choléra des temps passés
était plus beau que la guerre
guenille au coin des rues
nourris de pastilles de Vichy
se volatilise dans l’insomnie
en se tordant les bras
ils semblent rire de l’atroce supplice
de leur vie

Francis Picabia, extrait de Poésie ron-ron [1919],
in Poèmes, Mémoire du Livre, 2002, pp. 173-174

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